Ces terres qui n'ont pas toujours été aussi sauvages

Ironie de l'histoire, si l'on peut aujourd'hui admirer les étendues vierges d'Ecosse, c'est en partie grâce aux Anglais. Les Hautes terres n'ont pas toujours été aussi inhabitées en effet. Il a fallu, d'abord, procéder à " nettoyage ethnique " avant la lettre, connu sous le nom de Clearances. La Bataille de Culloden, le 16 avril 1746, marque la victoire de l'Angleterre sur la rébellion jacobite écossaise et, avec elle, la fin au système clanique qui prévalait depuis le XIIe siècle. Selon ce système, les chefs de clans louaient leurs terres aux fermiers qui, en échange, leur apportaient une aide militaire. Après la victoire anglaise, les propriétaires terriens se sont mis à exiger un loyer en pièces sonnantes et trébuchantes que la plupart des fermiers étaient bien en peine de payer. Les terres furent progressivement achetées par des fermiers venus de Basses terres ou d'Angleterre. Les habitants des Hautes terres, eux, furent chassés et leurs cultures brûlées puis transformées en pâturages pour les troupeaux de moutons, plus rentables que les bêtes de somme. Pour les Ecossais, 1792 reste ainsi comme " l'année du mouton ". Des milliers de Highlanders durent quitter leurs vallées pour l'Amérique, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. En cinquante ans, la région du Ben Nevis, le Lochaber, s'est ainsi vidée des trois quarts de sa population. A travers la lande, il n 'est pas rare de marcher sur les ruines de leurs anciennes fermes.

 

 

Ben Nevis, le prince des nuées
Texte : Michel Tendil / Photos : Stéphane le Bourhis