Ben Nevis, prince des nuées
L'Ecosse, terre de contrastes et d'hésitations. Tout un pays qui navigue entre mer et montagne, entre fog et bog. Dans ces méandres de la nature, un vieillard de 350 millions d'années s'est frayé à travers les âges : le Ben Nevis.
Fort William, port de pêche, mais aussi port d'attache des randonneurs et alpinistes, au cœur de l'Ecosse sauvage. Ici commencent les Highlands, les Hautes terres, qui se perdent dans les brumes du nord. A l'embouchure du canal calédonien à l'ouest, la ville s'est blottie au pied du Ben Nevis, la proue rocheuse de la Grande-Bretagne.
Dans l'un des nombreux pubs de Queen Street, l'allée principale, pêcheurs et montagnards choquent leurs pintes, laissant éclater leur belle voix gutturale à l'accent inimitable. Les récits s'emmêlent peu à peu dans l'ivresse. Tiens, quelques mots étranges qu'on arrive à peine à saisir : " I'm a wee bit steamin ! " (J'ai un peu trop bu). Mélange de gaélique et d'anglais.
Ceux qui illustrent le mieux cette fraternité des deux mondes, horizontal et vertical, sont les sauveteurs, unis face au même adversaire : le brouillard. Ce traître de fog qui peut tomber à chaque instant et rendre la moindre sortie périlleuse. Brian Tregaskis est l'un des deux " crampon-toubibs " de l'équipe de 40 sauveteurs en montagne de Fort William, tous bénévoles. " Notre zone d'intervention est très large et couvre certaines îles comme Eigg, Rhum ou Canna, à l'ouest de l'Ecosse, mais aussi le Wilderness, plus au nord, explique-t-il. Dans des endroits aussi isolés, nous travaillons avec les secouristes en mer qui nous emmènent en bateau. "
 

Texte : Michel Tendil / Photos : Stéphane le Bourhis