Zsolt Osztian s’est construit lui-même son rêve de devenir guide de haute montagne, à force de détermination et de travail. Des belles rencontres à l’adolescence ont forgé son parcours vertical à venir. Portrait d’un guide auvergnat comblé...

Une interview exclusive pour Montagnes Reportages
Crédit photos : Zsolt Osztian (sauf mentions contraires)

Montagnes Reportages : D’où viens-tu ?

Zsolt Osztian : Je fais partie de la minorité hongroise de Roumanie de Transylvanie. Mes parents sont hongrois mais mon frère et moi sommes nés en Roumanie, en Transylvanie. Ma mère était couturière et mon père, soudeur chaudronnier. Il a migré vers la France car c’était l’époque de la dictature de Ceausescu. Nous sommes venus nous installer en France grâce à Patrick Berhault.

Mon père était surtout spéléologue et skieur. Il n’était pas vraiment alpiniste mais un modeste grimpeur amateur. Il connaissait Patrick depuis peu et lui avait écrit un courrier pour qu’il l’aide à acquérir du matériel technique d’escalade et de spéléo. De l’autre côté du rideau de fer, il n’y avait pas ce matériel. Patrick était quelqu’un de très humain, il a tout de suite répondu.

Puis un jour, Patrick lui a écrit en lui disant que si c’était galère dans son pays, il pouvait venir chez lui. Il l’aiderait à faire venir sa famille et à s’installer. Patrick l’a donc invité en France pour travailler dans une coutellerie chez un cousin à lui dans la région thiernoise. Une grande histoire d’amitié a commencé entre eux. Patrick avait aussi le projet de faire un film d'escalade sur le massif des Carpates en Roumanie mais le film ne s’est pas fait.

En 1990, mon père est donc resté quelques mois chez Patrick qui retapait une ferme dans le village du Lac au-dessus de Chabreloche. Puis nous sommes partis le retrouver avec ma mère, ma grand-mère et mon petit frère qui avait 2 ans. Nous avons traversé l’Europe en train. J’avais 5 ans. C’est comme ça que je suis devenu auvergnat.

Quel a été ton cursus pour devenir guide de haute montagne ?

Ce n’est pas un cursus classique quand tu viens d’Auvergne. On n’est pas nombreux ici à être devenus guides car c’est quand même assez compliqué. Il y a d’abord l’éloignement géographique où ce n’est pas comme si tu habitais la vallée de Chamonix. L’entraînement nécessite une rigueur et de la détermination mais j’avais vraiment envie d’être guide.

Je viens d’une famille modeste, mes parents ne roulaient pas sur l’or et n’avaient pas les moyens de me payer quoi que ce soit. On a pas mal galéré. Je me suis donc débrouillé tout seul en finançant mes voyages, mon matériel, mon entraînement et ensuite le diplôme de guide.

Ta sélection à l'ENAM (Equipe Nationale d'Alpinisme Masculine) a été formatrice ?

Oui, j’ai eu un peu la chance de faire partie de cette équipe pendant 3 ans. On était encadré par Dimitri Munoz et Philippe Batoux. Dimitri Munoz était au groupe militaire de haute montagne et Philippe Batoux était prof à l’ENSA. Ils nous ont fait bénéficier de leur expérience, surtout en big wall, en parois et sur des choses assez pointues en cascade de glace et en dry-tooling dans le massif du Mont-Blanc. On a fait aussi des belles parois au Maroc, aux États-Unis et en Alaska. Ça a été très formateur.

Qui sont tes clients ?

J’ai des clients alpinistes grimpeurs auvergnats assez fidèles. Quelques-uns m’engagent pour faire des grandes voies. Je cale ça sur le printemps et l’automne. J’aime bien aller avec eux dans les gorges de la Jonte, à Chamonix, à l’Envers des Aiguilles, aux Aiguilles Rouges, au Grand Capucin... Tout ce qui est mont Blanc, Grand Paradis, dômes de Miage, j’en fais 2,3,4 par an et le reste, j’aime bien faire de l’escalade. Grimper, c’est ce qui me plaît. Et l’hiver, c’est plutôt le ski de randonnée et le ski de couloirs.

Quels types de prestations effectues-tu avec tes clients dans le massif du Sancy ?

L’hiver, 80 % de mon travail est du ski hors-piste, du ski de rando ou du ski de couloirs. Je me déplace donc beaucoup en skis avec les crampons et les piolets et on ne fait que ça. Et après, quand il y a des bonnes conditions en cascade de glace et en mixte, j’ai un petit carnet d’adresses d'amateurs de bons grimpeurs qui aiment le mixte et l’alpinisme auvergnat. Je les contacte en leur disant que j’ai un créneau tel jour, que telle goulotte est en condition et je leur demande si ça les intéresse. J’arrive à faire des choses intéressantes avec mon petit carnet d’adresses.

Après l'obtention de ton diplôme, tu avais l’intention de travailler en Auvergne ? 

Non, pas du tout. Je pensais partir dans les Alpes, pour moi c’était une évidence. Et puis le premier travail que j’ai trouvé à 18 ans était pisteur-secouriste au Mont-Dore. Après j’ai travaillé dans un parc aventure pour financer mon diplôme de guide. Il m’a fallu ensuite passer un brevet d’état d’escalade. En Auvergne, je trouvais facilement des petits jobs toute l’année.

Puis j’ai rencontré ma femme très jeune à 21 ans. Nous avons fondé notre famille ici, nous avons deux enfants qui ont 6 ans et 9 ans. Je suis resté en Auvergne car c’est d’abord une histoire de confort familial. Je peux travailler à une demi-heure de chez moi sur un massif sans quasiment aucune concurrence. Je suis seulement à 3h30 de Chamonix avec l’autoroute. J’ai un confort de travail exceptionnel. J’ai réussi à adapter ma vie de guide entre voyages à l’étranger, dans les Alpes et le travail dans le massif du Sancy. Mes absences en haute montagne représentent à peu près 3 mois de l’année. Le reste, j’arrive à travailler très correctement ici et à jongler avec tout ça pour équilibrer ma vie de guide.

Mais pour être honnête, si j’étais célibataire sans famille, je me serais expatrié dans les Alpes parce que je suis quand même un vrai amoureux des montagnes et je pense que ça m’aurait plu d’habiter au pied de grandes montagnes. Mais finalement ma vie comme elle est, elle est pas mal. Je ne suis pas malheureux et j’aime le massif du Sancy. Ce n’est pas très haut ici mais il y a vraiment de quoi faire.

Peux-tu nous rappeler ce qui est faisable ou pas en activités sportives dans le massif du Sancy par suite de l’interdiction de la pratique de l’alpinisme dans la réserve de Chastreix-Sancy ?

Il y a deux réserves naturelles dans le massif du Sancy. La première a été créée dans les années 80 dans la vallée de Chaudefour. Elle n’est pas concernée par les interdictions car à cette époque il n’y avait pas de décret interdisant l’alpinisme et l’escalade. La deuxième réserve est la réserve Naturelle de Chastreix-Sancy. Elle comprend des gros spots d’alpinisme, des cascades de glace telle que la Dore, les couloirs du Val d’Enfer, le Cirque de la Fontaine Salée et le Val de Courre.

Le problème là, est que le décret interdit l’alpinisme et l’escalade mais il n’y a pas d’interdiction sur les autres activités. On peut donc faire du ski, du ski hors-piste ou du ski de rando. Le flou est sur le ski parce que le massif du Sancy est très raide et très alpin. Pour faire du ski hors-piste ou de rando, cela nécessite du matériel d’alpinisme et donc avoir une corde, des crampons, des piolets.

Le hasard du calendrier a fait que cette semaine, le conseil d'Etat a répondu à la demande de la FFME concernant l'interdiction. Qu'en est-il ?

Le résultat est un peu amer pour nous. D'une part, on n'a pas récupéré l'escalade. On le savait depuis le début car pour les écologistes, c'est ce qu'il y a de plus meurtrier pour la nature, les rochers et le lichen. Par contre, j'ai découvert avant-hier à la 4e page du décret qu'on n’a pas le droit de faire de la cascade de glace. Ce n’est donc pas acté. Les gens se sont enflammés pour rien. Tout le monde croit que c'est gagné alors qu’on en est loin.

Je ne suis pas autant informé que ceux qui sont dans la procédure FFME ou du CAF, mais je reçois quand même des informations régulières. J’apprends donc que le ministère de l'Ecologie a 6 mois pour réécrire le décret. Dans l'ancien décret, il avait été dit que l'alpinisme, l'escalade et la cascade de glace étaient interdits. Là, dans ce qui a été réécrit, il est marqué que l'alpinisme est autorisé mais pas la cascade de glace. Il faut donc corriger ça et le réécrire une troisième fois ! Il s'agit de faire comprendre au ministre de l'Ecologie que l'alpinisme sans la cascade de glace, c'est absurde. Déjà qu'on n’a pas l'escalade, si on récupère juste l'alpinisme, on fait quoi là ? On peut remonter les couloirs mais il n'y a plus d'intérêt si tu peux plus faire les belles cascades. Que ça soit pour un guide ou un amateur, l’attrait du massif du Sancy, ce sont quand même les cascades de glace qui sont exceptionnelles dans ce massif.

Ils ne veulent pas qu’on impacte la flore qui est sous le manteau neigeux. Ils veulent une quantité de neige de 30 cm minimum pour la pratique de l'alpinisme. Donc, tant qu'on pratique sur la neige ou sur la glace, il n'y a pas de souci. Il y aura une sorte de comité de pilotage qui sera entendu par le préfet. Si les conditions de neige sont en dessous de 30 cm et ne permettent pas la pratique conformément à ce qui a été dit, le préfet fera un arrêté stipulant qu’on n’a pas le droit de grimper. On espère donc que d'ici 6 mois un nouveau texte sera réécrit d’une manière plus raisonnable. .

Combien de guides auvergnats exercent actuellement ?

Il y a trois guides auvergnats dans le Puy-de-Dôme, François Lesca, moi et Jean-Pierre Frachon qui exerce encore un petit peu. Dans le Cantal, il y a Jean-Christophe Fourcoux, Antoine Cayrol, David Vigouroux et Vincent Terrisse. En 1972, Denis Collangettes a été le premier guide originaire d’Auvergne. De cette date jusqu’à aujourd’hui, on recense à peu près une trentaine de guides d’origine auvergnate. Ce sont des personnes qui ont réussi à se débrouiller parfois avec pas grand-chose ou pas beaucoup de neige, dans des « montagnes à vaches » et ils n’ont jamais eu peur de faire des kilomètres pour aller faire juste une course dans le massif du Mont-Blanc.
Un bureau des guides d’Auvergne a été créé il y a quelques années à Aurillac à l’initiative des guides du Cantal par David Vigouroux. C’est surtout une vitrine des guides auvergnats.

Comment se porte l’activité glace au Sancy ?

Concernant la cascade de glace, je me suis adapté au réchauffement et à ma position géographique. Il y a eu une époque en Auvergne où on avait beaucoup de glace. Je ne suis pas très vieux, j’ai 35 ans mais j’ai quand même connu les hivers 2004 jusqu’à 2007 où on a eu beaucoup de neige et de glace avec des conditions froides.

Au Mont-Dore, tu pouvais faire de la glace pendant 3 mois. Je faisais beaucoup de cascades de glace avec François Lesca et Gaylord Dugué, un autre collègue qui était guide au Sancy. On était bon ! On allait au Val de Cogne, à Chamonix et puis après, avec l’équipe nationale d’alpinisme, j’ai fini de peaufiner un peu ma technique.

Par la suite avec le réchauffement, on n’a quasiment plus eu de glace au Mont-Dore. Et aller dans les Alpes pour faire de la glace, ce n’était pas rentable.

Tu as quand même pu trouver quelques lignes de glace ces dernières années ?

J’en ai trouvé quelques-unes mais elles sont éphémères. Ce n’est pas toujours facile de se protéger quand il n’y a pas beaucoup d’épaisseur de glace. Depuis quelques années, la cascade de la Biche ne se forme pas. Tu peux grimper la Bichette juste à côté mais dans des conditions moyennes où tu peux à peine brocher.

En fait ce qui va bien dans le Sancy, ce sont les couloirs en crampons et après les arêtes mixtes.

Tu as équipé des itinéraires dans le massif du Sancy ?

Oui, j’ai équipé 2 ou 3 itinéraires au col de Cuzeau, dont un bien vertical sur l’arête que j’ai appelé l'arête à Emile. C’est un peu du mixte et de l’alpinisme technique dans lequel je peux emmener un client. Ça fait 5 longueurs avec un niveau qui correspond un peu à une cascade de grade 4.

Ça palie un peu au manque de glace et aux interdictions du Val d’Enfer. Ça me permet de me replier sur des courses un peu techniques hors de la réserve naturelle et où il n’y a pas besoin que la cascade soit formée.

Les montagnes auvergnates sont-elles toujours sources de préjugés auprès de certains ?

Avant, l’Auvergne était plus considérée comme une « montagne à vaches » et ce qui nous faisait défaut, c’était la communication. Maintenant, grâce aux réseaux sociaux, aux webcams, on est au courant de tout ce qui peut se passer comme si on était au pied de la montagne.

Ce n’était pas le cas il y a 15 ans quand j’habitais au Mont-Dore et que je descendais faire des courses à Clermont-Ferrand.

J’avais mes traces de lunettes sur le visage et quand je croisais des gens en leur disant qu’au-dessus de la mer de nuages, il faisait beau et qu’on faisait du ski, ils ne me croyaient pas et étaient surpris.

Ils ne savaient pas tous qu’on pouvait encore skier au Mont-Dore en avril. Maintenant il faut voir le monde le weekend au Mont-Dore dès qu’il y a de la neige.

C’est en côtoyant jeune Patrick Berhault que tu as voulu devenir guide de haute montagne ?

Il y est pour beaucoup mais pas que lui. Dès mon plus jeune âge, j’ai tout de suite un peu baigné dans le milieu des guides auvergnats. Jean-Pierre Frachon nous a aidés aussi un peu. Il venait manger à la maison régulièrement, nous parlait de ses voyages, nous montrait ses photos, ses diapos. Il a fait partie des guides français qui étaient pionniers dans la commercialisation des expéditions à l’étranger avec des clients. Il a visité certains secteurs de la planète qui n’avaient jamais été explorés. Il était complètement différent de Patrick mais il me faisait rêver aussi.

J’ai connu aussi Denis Collangettes quand j’avais 11 ans, mais pas longtemps. Lui aussi m’a marqué. J’ai fait la goulotte Redondance encordé avec lui. Quand je le voyais grimper dans la glace à main nue sans mettre de gants, ça m’impressionnait tellement que je me disais que je ne serais jamais guide s’il fallait être comme lui car je ne pourrais jamais y arriver.

À l’adolescence, j’ai rencontré Antoine Cayrol qui a été après mon tuteur pour mes débuts d'aspirant guide. On travaille et on grimpe ensemble maintenant.

Tu as grimpé un peu avec Patrick Berhault ?

Oui quand j’avais 12 ans, je grimpais un peu assez régulièrement avec lui sur des moulinettes, des couennes. Humainement il était très simple. Je me souviens qu’il était tellement simple qu’il se mettait à ma hauteur quand on grimpait. A 14 ou 15 ans, j’attendais avec impatience la date à laquelle le Vertical Magazine ou le Vertical Roc allait sortir à la librairie, je n’en manquais aucun. Patrick était partout. C’était mon idole.

Quand je savais qu’il allait venir le weekend et qu’il avait prévu de grimper une demi-journée avec moi au Rocher Saint-Vincent ou en bloc, j’étais comme un dingue, impatient de le voir même juste pour un repas ou un barbecue. Il m'impressionnait. Il a vraiment participé à toute ma passion de la montagne et peut-être à ma volonté de devenir guide.

Quelles traces a-t-il laissé en Auvergne ?

Il a participé à l’équipement auvergnat et a ouvert quelques voies. Il a fait des premières en libre. A l’époque, il faisait partie des meilleurs grimpeurs français. Quand il est venu en Auvergne, il a grimpé et libéré en libre les premières voies qui étaient dans le 7a et 7 b. Dans la Dent de la Rancune, il a grimpé la Demi-Lune. Lynn Hill a grimpé dans cette voie et y a été photographiée. C’était en première de couverture de l’ancien topo du massif du Sancy. Dans le Capucin, il a ouvert une voie qui s’appelle Quoi de neuf, un 8a+ que j’ai réussi à enchaîner il y a quelques années. J’étais super fier car c’était plutôt costaud comme 8a+, ça vaut peut-être un 8b dans d’autres secteurs.

Il y a un site de bloc sur la région de Chabreloche qui s'appelle la Cave du Loup. On doit être une poignée de 4 ou 5 personnes dans le monde à le connaître. C’est un bloc que j’allais grimper quand j’étais gamin. C’est Patrick qui l’avait déterré dans la forêt à deux pas de chez lui. Il y a des sites comme ça, lorsque j’y vais, j’ai encore des frissons. Patrick fait partie des gens qui sortent du lot, qui sont hors du commun. Il était très fort dans tout ce qu’il faisait.

Tu as déjà exercé en Roumanie ?

J’ai organisé et accompagné des clients pour mon premier raid à skis dans le massif des Fogaras. J’y ai fait aussi un autre voyage en amateur, un super rock trip de deux semaines où on a visité toutes les parois roumaines entre collègues guides auvergnats. On a ouvert deux voies dans le massif de Piatra Craiului.
J’y suis allé avec mes enfants pour voir ma grand-mère. J’ai fait plusieurs fois le voyage. C’est assez facile d’aller en Roumanie avec 1h30 d’avion et ce n’est pas cher. C’est une destination qui est vraiment sympa que ça soit pour l’escalade, la spéléo ou le ski. Ce n’est pas encore trop connu par les occidentaux mais je pense qu’il y a vraiment de l’avenir.

Des projets à l’étranger ? 

J’ai prévu une expédition à skis au Kirghizistan avec des clients. J’ai également le projet d’aller en Bulgarie. J’ai une clientèle qui m'engage chaque année pour des voyages à skis et j'essaie de leur proposer à chaque fois quelque chose d'original. Je vais toujours dans des endroits que je ne connais pas, sur les conseils d’un collègue guide qui y est déjà allé. La plupart des guides fonctionnent comme ça.

Tu as un petit jardin secret dans le massif du Sancy ?

Oui, et c’est sans hésitation la vallée de Chaudefour. D’ailleurs à chaque confinement, j’y suis fourré que ce soit pour de la course à pied, pour grimper en solo assuré, pour faire de la glace ou pour faire du bloc dans un pré. Sinon j’ai un site de bloc à 15 mn de chez moi qui s’appelle Cournols. C’est un relief de collines granitiques qui datent de l’époque de la chaîne hercynienne. C’est un site magnifique.


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