Mont-Blanc GRANITE (tome 1 Bassin d'Argentière), premier tome de la nouvelle collection de JMEditions, animées par François Damilano et Françoise Rouxel. Montagnes Reportages a posé quelques questions aux trois auteurs de ce nouvel ouvrage très attendu ; François Damilano, Julien Désécures et Louis Laurent.

Une interview exclusive pour Montagnes Reportages
Crédit photos : JMEditions, François Damilano, Julien Désécures, Louis Laurent (sauf mentions contraires)

Montagnes Reportages : Quelle a été la motivation pour JMEditions de lancer cette nouvelle collection Mont-Blanc GRANITE ? Il n’y avait pas déjà des équivalents ?

#François Damilano : Mis à part l'exception notable du topo de Michel Piola sur l'Envers des Aiguilles, il n'y avait plus de topo Granite disponible. Un vrai paradoxe si l'on se réfère à « Chamonix Mont-Blanc - capitale de l'alpinisme » ! Les grimpeurs et les points de vente étaient en demande, l'enthousiasme et l'énergie de Julien Désécures et louis Laurent ont finis de nous convaincre de nous embarquer dans cette aventure.

Comment s’est fait le choix des auteurs sur ce tome 1 ?

Avec Julien, nous avions travailler ensemble pour son topo des Grandes Jorasses et nous échangeons souvent sur les pratiques de l'alpinisme, leur évolution, sur le massif du Mont-Blanc. L'association avec Louis s'est faite naturellement compte tenu de son dynamisme et de sa motivation.

On connait déjà ici Julien Désécures qui nous avait présenté Grandes Jorasses Face Nord. Présentes-nous maintenant Louis Laurent...

Membre de la Compagnie des Guides de Chamonix, Louison est l'un des guides de la vallée très actif et qui n'hésite pas à sortir des sentiers battus. De plus il a un vrai talent de dessinateur, indispensable pour les croquis précis !

Comment vous êtes-vous partagé mutuellement le travail sur l’élaboration de ce topo ?

Réflexion et élaboration commune ! Un vrai travail de cordée qui a demandé un gros investissement de chacun. L'élaboration et l'écriture d'un topo est un travail chronophage. Il faut donc que la cordée soit solide !

Nous nous sommes "répartis" des voies ou des secteurs. Le challenge était de retourner grimper la majorité des voies que nous voulions présenter et de valider les infos. Ne pas se contenter de compilation d'informations mais aller vérifier l'état de l'équipement, valider les approches et les descriptions, rapporter les photos les plus adaptées aux tracé...

Louison s'est consacré par ailleurs aux dessins de tous les croquis, Julien s'est concentré sur les tracés. Restait à synthétiser le travail de construction et d'écriture.

Ton travail sur ce topo a-t’il été différent de celui sur la face nord des Grandes Jorasses ?

#Julien Désécures : Plus facile et plus rapide ! Il y avait un fort enjeu technique et émotionnel de faire un topo sur la face N des Jorasses. Technique car il est plus difficile de faire une description d’une voie de 1200m que 250m. Emotionnel car je m’attaquais au mythe d’une face nord prestigieuse auréolée de mystères et de fantasmes. Le granite, c’est plus simple !

Avec François, grâce à l’expérience du topo sur les Jorasses, on s’est distribué le travail selon nos compétences. C’est pourquoi Louis nous a rejoints. Ça a très bien fonctionné. Le topo a été bouclé en un an au lieu de quatre pour les Jorasses.

Quels sont les secteurs ou voies de ce bassin d’Argentière que tu affectionnes particulièrement ?

C’est en grimpant la Bellin-Ravanel à la tour Jaune que je me suis rendu compte de la qualité du rocher. Mais même les secteurs plus proches du refuge proposent des itinéraires de toute beauté !

Quels ont été les précurseurs des premières escalades dans ce bassin ?

Rébuffat, Mazars, Ravanel... Mais c’est surtout Georges Bettembourg qui a trouvé les plus belles lignes de fissures-dièdres. Il est mort jeune et ses voies ont été occultées.

Y-a-il des éléments qui différencient l’escalade dans ce bassin par rapport à d’autres secteurs granitiques du massif du Mont-Blanc ?

Le granite est un des plus vieux, sculpté du massif. Il y a des murs de silex, des formes érodées limite « tafonies ». Les parois apparaissent à premières vues écrasées par l’environnement (un cirque glaciaire majestueux). Elles sont en réalité très raides. Plus raides quand dans d’autre coin du massif.

Enfin, il y a moins de problèmes liés aux retraits glaciaires et aux chutes de pierre (dégel du permafrost) qu’on rencontre maintenant souvent dans le massif du Mont-Blanc l’été.

Que retiens-tu comme première expérience sur l’élaboration d’un topo ?

#Louis Laurent : Au début, ça me faisait peur. Une masse de travail et la crainte de ne pas être à la hauteur... Puis c'est parti pour une saison avec cette nouvelle motivation. Au final, on s'y est mis à fond cet automne et on a terminé à la fin de cet hiver. Le résultat me plaît beaucoup. Je viens de rencontrer une belle petite équipe. Tout s'est bien passé grâce à son expérience. Me voilà prêt à recommencer.

Dans ton travail de répétitions et escalades, y-a-t’il des lieux, voies, secteurs, que tu as redécouvert ?

Le glacier des Améthystes coule tranquillement au pied des beaux éperons sud de l'Aiguille d'Argentière. Ce lieu baigné par le soleil, garanti de belles journées d'escalade sur du rocher cuivré comme le Pirate au sauvage pilier Sud d'Argentière.
Une occasion pour découvrir l'éperon SE au Minaret... Cette voie est un jardin d'enfant de grimpeur, à l'image de Rebuffat.
Le secteur Plateau du Jardin, proche du refuge offre une multitude de voies raides et ludiques. Bettembourg savait-il que nous prendrions autant de plaisir à poser nos coinceurs dans les belles fissures qui remontent la voie des Toits ?

Tes croquis précis des voies dispenseraient presque les photos (certes belles !!)… D’où te vient cet efficace coup de crayon ?

Petit, le dessin devait canaliser mon surplus d'énergie et détendre surtout mes parents... Le graffiti m'a ensuite énormément inspiré. Pas suffisamment artiste pour repeindre des trains ou des murs, je me contentais de recopier les plus beaux.
Au lycée, la matière dessin industriel de mon BEP Maçonnerie m'a beaucoup appris aussi et bien plu. Salvador Dali ne m'a pas laissé indifférent.
Puis la montagne et l'envie de rapporter des infos précises aux copains, ont lancé le début de mes croquis.

Vos escalades se sont bien passées ?

Trop bien passé. C'est justement ça le souci. Après les douces approches, l'escalade magique et l'accueil du refuge d'Argentière, ça va être dur la suite, dans certaines mauvaise pente de neige dure, à se tordre les chevilles avant de prendre pied sur le rocher...

> Le blog de JMEditions ici

Montagnes Reportages © 2016. Tous droits réservés. All rights reserved