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Lionel Daudet "Dod" part du pied de sa porte de l'Argentière-la-Bessée en compagnie de son fidèle compagnon de cordée, Mathieu Cortial, pour une nouvelle aventure sportive et scientifique dans le massif des Ecrins. Une grande chevauchée sur des faces sud... |
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Montagnes Reportages : Quel est ce nouveau projet ?
Lionel Daudet : Le projet du Soleil des Ecrins, c'est de partir de la maison, en priori à vélo, puis à pied pour aller enchaîner quatorze faces sud du massif des Ecrins, par des voies modernes ardues, ou alors par des gros terrains d'aventure. Les liaisons entre les faces se feront soit à pied, soit en parapente. Très curieusement, cet enchaînement circulaire de quatorze faces constitue un peu une espèce de soleil dont l'extrémité de chaque rayon serait un des sommets, une des faces. Le soleil est quelque chose d'important d'un point de vue symbolique dans les Alpes du sud. C'est donc quelque chose qui est réellement en phase avec ce massif. Le projet du Soleil des Ecrins s'inscrit aussi dans une façon moderne, je dirais, de célébrer le 150è anniversaire de la première ascension de la Barre des Ecrins. Et puis je dirais que les voies abordées sont aussi des formes d'hommages aux alpinistes contemporains qui ont un peu écrit les dernières pages de la saga des Ecrins. Tu connais toutes ces faces sud ? Non, je ne connais absolument pas toutes les faces au côté peut-être atypique. Je connais une seule face, celle du Rouget située à côté de la Dibona. Je connais certains sommets mais je ne connais pas les treize autres faces. Tu vas croiser des montagnes que tu as parcourues lors de la Skyline ? Effectivement il y a des sommets que j'avais croisés lors de la Skyline et qui vont être repris mais à la différence d'un parcours d'arête, là on sera concentré sur les faces sud. Pour moi ce sera donc une grosse nouveauté. De mémoire, des choses comme le Pavé, la Meije, la Barre des Ecrins, les Bans, la pointe de Verdonne sont déjà des sommets que j'ai pu fouler dans ma carrière d'alpiniste. Qui sont tes compagnons de cordée ? Je pars avec mon "vieux" fidèle Mathieu Cortial. On a déjà réalisé pas mal de choses ensemble. Mathieu a en plus l'expertise du parapente, chose que je n'ai absolument pas. Après il y aura évidemment un alea météo extrêmement important pour faire certaines liaisons en parapente d'après des sommets et pour aller rejoindre d'autres refuges ou d'autres vallées afin de nous épargner certaines sections à pied. Mathieu est le noyau central mais il y aura d'autres compagnons de cordée qui nous rejoindront le temps d'une ou plusieurs ascensions. Par exemple Manu Romain, le grand compétiteur qui tourne en coupe du monde d'escalade, viendra nous rejoindre pour une voie dure sur la face sud-ouest de Sialouze. J'espère aussi que de nombreux guides ou amis viendront me rejoindre sur certains endroits, sachant qu'en plus que pour fêter la fin du Soleil des Ecrins, à priori le retour sur l'Argentière se fera en raft avec tous les compagnons qui nous auront épaulé dans cette histoire. Le volet scientifique va consister en quoi ? Faire un inventaire de la flore existante avec le parc national des Ecrins, avec plus particulièrement Cédric Dentant, botaniste réputé. Il s'est rendu compte que les faces sud constituaient non pas forcément un désert de flore, mais plus un désert de connaissances. Dans ces lieux où il y a de très fortes radiations, on se rend compte que l'évolution se fait très très vite. C'est donc un peu un laboratoire vivant pour les scientifiques. Ils ont donc un réel intérêt à savoir ce qui se passe dans ces faces. Du coup pour nous c'est tout de même assez simple parce que ça consistera à faire le maximum de photos des fleurs en indiquant leur taille et l'altitude à laquelle on les rencontrera.
Concrètement ça ne sera pas difficile de grimper et photographier en même temps ? C'est sûr que c'est toujours difficile de mélanger les choses mais on fera tout notre possible. Il est bien évident que s'il y a des journées un peu plus douteuses en météo, il faudra peut-être aller un peu plus vite, du coup on prendra peut-être un peu moins de photos. On signalera donc que dans cette face on n’a pas fait notre "boulot" [rires] mais qu'on aurait aimé le faire. Tu espères trouver une nouvelle fleur qui portera ton nom ? [rires] Je ne crois pas qu'on va découvrir une nouvelle espèce en parcourant ces faces et parois mais je pense par contre que le fait d'inventorier toute la flore existante permettra une meilleure connaissance de ce milieu, d'identifier certains phénomènes qui sont assez passionnants, c'est ce qu'on appelle à l'heure actuelle l'écologie verticale. Savoir comment les plantes ont évoluées au cours des ages, parce qu'on a toujours l'impression qu'elles sont parties du bas des parois pour coloniser les hauteurs. En fait, une des théories dit aussi exactement l'inverse. A savoir que ces plantes sont restées dans les grandes faces sud pendant les glaciations, un peu comme des îlots émergés, et que les glaciers se retirant, la flore s'est de nouveau établies en partant non pas de bas vers le haut, mais du haut vers le bas. Le départ est pour quand ? C'était prévu pour le 12 juillet mais la météo était moyenne. On décale donc de deux jours car à partir du 14 normalement dans les Alpes du sud, la météo s'améliore considérablement. On a à peu près une fenêtre de tir d'environ quatre jours de beau. Ensuite on voit qu'il y a peut-être des régimes perturbés qui vont pointer leur nez, on va donc tenter notre chance, hisser les voiles et partir.
Ah moi je suis toujours content... et si je n’étais pas content je ne serais pas là car c'est en pleine saison de guide pour moi. C’est vrai que ce n'était pas forcément évident de poser une disponibilité de trois semaines mais j'avais vraiment envie de participer à ce projet pour plein de raisons. Déjà, ça va nous rappeler un petit peu le souvenir de l'Arête haut-Alpine qu'on avait faite ensemble. En plus c'est un projet qui est être typé escalade et c'est toujours sympa de grimper avec Dod et enfin, le coté parapente emmène une dimension supplémentaire. C'est vrai que c’est jamais garanti avec le parapente, mais si on y arrive, ça va nous faire quelque chose de très complet et ça va être super sympa. Oui, je suis content ! Vous prenez quoi comme matos ? Ce qui est difficile pour nous, c'est d'emmener le minimum parce qu'on est essentiellement que deux pour le porter. On a donc pris l'option de prendre une corde à simple. En friends on prend aussi le minimum et des dégaines les plus légères possibles, un kit de survie de sécurité crevasses, crampons et piolets légers. En vêtements, au moment le plus froid de la journée, on aura tout sur nous. La logistique ? On arrivera quasiment à dormir en refuge entre chaque ascension, du coup c'est aussi pour ça qu’on n’est pas trop lourd, on n’a pas de matériel de bivouac à porter. On a des solutions de replis s'il faut s'échapper par mauvais temps ou s'il faut temporiser parce qu'il y a une dépression qui passe. C'est quand même assez confortable. Après, pour les jonctions plus longues où on a prévu de voler, ma décision je la prends juste avant de sortir la voile du sac, à l'instant T. > La page Facebook du Soleil des Ecrins ici |
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