Vice-président et responsable de la section alpinisme au Club Alpin Français d’Ile-de-France, Mathieu Rapin est l’un de ces bénévoles qui œuvrent grandement à insuffler une belle et grande dynamique au club... Une interview exclusive pour Montagnes Reportages.
Crédit photos : Mathieu Rapin (sauf mentions contraires)

Montagnes Reportages : Quelles sont tes fonctions actuelles au CAF Ile-de-France et ton parcours cafiste ?

Mathieu Rapin : Je suis responsable de l’activité alpinisme, membre du comité directeur et un des vice-présidents. Je suis aussi encadrant en ski de rando. Je suis arrivé au CAF en 2002 un peu par hasard. Je pratiquais un peu d’escalade avec un copain à Paris, il est ensuite parti en province. Me retrouvant sans partenaire j'ai cherché un club pour trouver des gens avec qui grimper. Etant gamin j’avais déjà été inscrit au CAF de Besançon pour faire des sorties en ski de piste, je me suis dit, il doit y avoir forcément un CAF à Paris, je vais aller voir ce qu’ils proposent.


Tu es originaire d’où ?

Je suis né à Paris. Il se trouve que mes parents habitaient Paris à cette époque mais ils ne sont pas restés très longtemps. Assez rapidement ils sont allés vivre à Grenoble où ils sont restés quelques années. Puis ils se sont séparés et ma mère est partie à Besançon. J’ai donc passé une très grande partie de mon enfance à Besançon. Ensuite j’ai fait mes études à Lyon et Grenoble.

Alors il parait qu'avant de pratiquer la montagne, tu faisais de la voile ?

Oui, et ce qui est assez amusant, c’est que dans toute la période où j’étais étudiant à Grenoble et Lyon, je ne faisais pas du tout de montagne, à part un peu de ski de piste l’hiver car c’était la seule activité de montagne qui m’intéressait. Je ne faisais que de la voile. J’allais en mer, je faisais de la planche à voile et surtout du bateau, beaucoup de croiseur, j’ai d’ailleurs été moniteur de voile à l’école des Glénans et je passais donc tous mes étés à faire de la voile.

Il y a un parallèle entre la voile et la montagne ?

Oui, entre la voile et l’alpinisme, il y a des points communs. Il y a déjà l'environnement qui est potentiellement hostile dans les deux cas et le fait qu’on s’éloigne de la civilisation. S’éloigner du monde civilisé en France ça devient très dur maintenant. Quand on pratique la montagne, on arrive encore à trouver, même dans les Alpes des coins où il n’y a personne. En voile, sur les côtes de France, les endroits sauvages et isolés sont difficiles à trouver... ou alors il faut aller beaucoup plus loin. C’est peut-être ce qui m’a éloigné de la voile. On retrouve aussi des valeurs humaines, de partage, qui sont assez proches dans les deux cas et la nécessité d’avoir une maîtrise technique assez complexe. En montagne il faut maîtriser l’environnement, la météo, les conditions de neige, la complexité de la course et le timing. Ce sont des facteurs qu’il faut contrôler en permanence. En voile c’est un peu pareil, il faut connaître la navigation, la météo, le réglage des voiles, savoir entretenir son bateau, etc. Dans les deux cas il y a beaucoup de connaissances qui sont finalement souvent proches comme la navigation en voile et l’orientation en montagne, même s’il y a des variantes.

Combien y-a-il d’alpinistes dans la section CAF Ile-de-France ?

C’est de l’ordre de 150 personnes qui participent à nos sorties. Il y a un petit noyau de gens qu’on voit régulièrement et qui sont souvent ceux qui vont pratiquer les sorties les plus dures. Je les repère et j’essaie généralement de les recruter pour en faire des futurs encadrants. Il y a aussi des personnes qu’on voit une année et qu’on ne voit plus après, certaines ne font que deux ou trois sorties, et c’est difficile de connaître les raisons. Ça peut être un déménagement, un découragement face aux difficultés à pouvoir s’inscrire à des sorties ou simplement parce que ça ne leur plaît pas.

 

Comment devient-on encadrant en alpinisme ?

En général, on repère les futurs encadrants parmi nos participants réguliers. On observe comment ils pratiquent l’alpinisme, s’ils ont la motivation, l'état d'esprit et la capacité pour le devenir. Il n’y a pas besoin d’avoir un très haut niveau technique mais il faut être autonome dans les manœuvres, avoir aussi un bon sens de la sécurité et de la collectivité car il s’agira ensuite d’emmener des gens en montagne et d’en être responsables. Donc après les avoir repérés, on les incite à se former et on leur propose assez rapidement de faire du co-encadrement, c'est-à-dire d’accompagner un encadrant breveté, d’être chef de cordée sous la responsabilité de l’encadrant. Ça leur permet de se mettre en situation et de commencer à se former. Ensuite il y un cycle de formation qui est organisé par la fédération et qui permet d’avoir un brevet d’initiateur de la FFCAM. Le brevet alpinisme est en fait constitué de deux brevets initiateur, l’initiateur terrain montagne et l’initiateur terrain d’aventure. Mais il n’est pas indispensable d’avoir les deux pour commencer à encadrer. Chaque club organise des formations qui sont d’ailleurs ouvertes à tous les autres clubs affiliés FFCAM en France. Par exemple, j’ai fait des formations avec le CAF de Briançon, un des CAF de Grenoble, le CAF de Belfort. Une fois qu’on a le brevet, il y a un recyclage prévu et nécessaire qui doit être fait tous les cinq ans.

Comment sont définis les programmes des sorties ?

Pour animer la vie de l’activité, nous avons cinq réunions par an. Ces réunions nous permettent de définir la mode de fonctionnement de l'activité et d'élaborer le programme. Ce programme est centré sur les cars car la majorité de nos sorties est organisée en cars couchettes. Les autres sorties se font en voiture ou en train. La problématique à Paris est que pour aller en montagne, il faut d'abord organiser le transport. Les cars couchettes sont très pratiques, mais les sorties en car sont donc plus lourdes à organiser car il faut avoir suffisamment de sorties pour remplir le car et équilibrer le budget. On s’y prend donc assez tôt, en général six mois à l’avance. Donc vers octobre, novembre, décembre, on commence à réfléchir au programme de l’été et à fixer la destination des cars. Ensuite en fonction de ces destinations, je sollicite les encadrants pour qu’ils proposent des idées de courses. Puis on fait la synthèse de tout ça, ce qui amène évidemment un certain nombre d'échanges pour arriver finalement à un programme complet et des courses cohérentes. Nous fonctionnons beaucoup avec des tableaux partagés sur internet et avec les outils que nous met à disposition le club, qui nous permettent de créer notre programme en ligne sur le site web.

Quels sont les massifs où vous allez ?

L’avantage d’être à Paris est qu’on va dans tous les massifs. Que ce soit dans les Alpes ou dans les Pyrénées même si c’est un peu plus loin, faire 700, 800 ou 900 km, ça ne change pas grand-chose pour nous. Alors bien sûr nous allons majoritairement dans les Alpes, le massif du mont Blanc, la Vanoise, les Ecrins, parfois un peu plus au sud vers l’Ubaye mais plus rarement. Nous faisons au moins une sortie par an dans les Pyrénées et en hiver et il y a toujours une ou deux sorties en Auvergne pour faire des couloirs de neige. On a aussi des sorties en rocher dans les Calanques, l’année dernière nous sommes allés grimper dans le Caroux, en rocher terrain d’aventure. Nous essayons toujours de proposer des sorties très variées aussi bien en massifs qu’en secteurs.


Y-a-t’il une limite dans la difficulté des courses que vous proposez ?

La limite est celle des capacités de l’encadrant. Aujourd’hui on propose des sorties qui vont de l’initiation niveau F, jusqu’à des sorties en TD sup. rocher. On peut proposer des sorties de niveaux techniques élevés mais par contre on se limite en niveau d’engagement. Lorsqu'on fait des sorties sur trois jours, on peut se permettre de faire une course un peu plus ambitieuse le deuxième jour, mais sur deux jours c’est toujours assez compliqué, il faut rentrer assez tôt le dimanche soir pour prendre le car, on est donc obligés à se limiter à des sorties de durées raisonnables. Nous proposons également des sorties plus longues comme le camp d’été chaque année, mais ce camp n’est pas vraiment une sortie, c'est réservé à des pratiquants autonomes car il n’y a pas d’encadrement. Il y a ensuite quelques encadrants qui proposent des sorties l’été d’une semaine à dix jours... J’en propose justement une un peu particulière, un stage d’une semaine que j’ai appelé « De l’escalade à l’alpinisme », l’idée étant d’amener des grimpeurs de falaise qui ne connaissent pas très bien la montagne, à pratiquer l’escalade en montagne pour faire des grandes voies, des voies d’arêtes, du terrain d’aventure, et ainsi élargir leur pratique de l’escalade. Depuis quelques années, par ce que je vois au niveau de club, - je ne sais pas si c’est général - l’activité alpinisme est en pleine expansion et il y a une très forte demande. Mais en même temps je me suis rendu compte que beaucoup de pratiquants en escalade ont du mal à faire le pas pour passer à l’alpinisme ou pensent que l’alpinisme c'est surtout de la marche sur un glacier et que ça ne présente pas beaucoup d’intérêt. J’ai aussi rencontré des grimpeurs de falaise qui étaient intéressés pour faire du rocher en haute montagne, de la cascade de glace mais qui n’étaient pas du tout intéressés par les courses d'alpinisme classique. Je pense que c’est souvent parce qu’ils ne connaissent pas, et je crois qu’il y a un vraie opportunité d’amener des gens à faire de l’alpinisme en passant par le rocher.

 

Vous avez donc programmé ces dernières années des stages d’initiation à l’alpinisme…

Oui, c’est la troisième année que nous proposons des stages d’initiation. Avant, l’initiation était faite sur un week-end et on s’est aperçus que ce n’était finalement pas très efficace. C’était très demandé, beaucoup de monde voulait s’inscrire, mais après cette première sortie, on ne les voyait plus la majorité d'entre eux. Il se trouve que comme les sorties les plus demandées sont les plus faciles, ceux qui s’inscrivaient et faisaient l’initiation ne pouvaient pas s’inscrire ensuite à d’autres sorties car elles étaient déjà complètes. Finalement dans leur saison, ils n’avaient fait qu’une sortie. Du coup, je pense qu’ils accrochaient moins, ou ils allaient dans un autre club, on ne les fidélisait pas tellement. L’idée qu’on a donc développée est de faire une initiation sur trois week-ends. Ça permet déjà de mieux les former et en plus ils sont sûrs de sortir sur trois week-ends. Indirectement ça permet aussi de mieux sélectionner les candidats car ça nécessite un investissement conséquent en temps, en argent pour le matériel et les inscriptions. Du coup ils ne sont pas là juste pour "voir" ou pour faire un essai, ils sont vraiment motivés. Il y a aussi une tendance générale qui fait que pas mal de gens préfèrent butiner sur les activités outdoor, faire un peu d’escalade, un peu d’alpinisme, de voile, de VTT... plutôt que s’investir à fond sur une seule activité.

Quelles sont concrètement les grandes lignes de ces nouveaux développements de l’activité ?

Nous avons plusieurs volets pour développer l’activité. L’initiation, c’est déjà quelque chose qu’on a mis en place depuis quelques temps et qui marche bien, il y aura peut-être des petites améliorations à faire mais sans révolutionner le fonctionnement actuel. Ça ne concerne pas directement l’alpinisme, mais il n’y avait plus du tout d’activité falaise au club. Je trouvais ça très regrettable notamment parce que la falaise est un gros vivier pour l’alpinisme. Nous avons donc trouvé un petit groupe de personnes elles-mêmes pratiquantes pour un redémarrage de l’activité ainsi qu’un nouveau responsable, tout ça est en train de se mettre en place. On va donc relancer cette activité qui permettra à la fois au club de récupérer des participants qui feront peut-être ensuite de l’alpinisme, mais et en même temps de perfectionner les alpinistes débutants en rocher. Finalement en alpinisme on démarre par des courses de neige mais on est rapidement amené à aborder des courses en rocher et pour progresser il faut savoir grimper. Et il vaut mieux apprendre à grimper en falaise, en salle ou en bloc qu'en haute montagne.

Après il y a d’autres volets importants qu’on souhaite développer comme la pratique en autonomie. Il se trouve que dans notre club on organise des sorties encadrées, mais il y a beaucoup de gens qui pratiquent l’alpinisme en autonomes et qui n’ont pas envie de faire des sorties encadrées. Ils n’ont pas non plus forcément envie de devenir encadrants et ça se respecte. Pour ces gens-là, on n’avait pas d’offre au club. On ne proposait rien pour les aider à faire des sorties, à trouver des partenaires, d’où le manque d’intérêt probable pour certains de rester au club. On essaie donc de développer cette pratique en autonomie, il y avait d’ailleurs une réunion mercredi dernier avec une quinzaine de personnes relativement expérimentées et motivées pour pratiquer en autonome. L’idée était de les faire se rencontrer lors de cette soirée pour qu’ils fassent entre eux des projets de sortie, aider ceux qui ne sont pas encore très aguerris à organiser leurs sorties, les conseiller, leur prêter des topos éventuellement, enfin qu’ils puissent trouver ce qu'ils cherchent au club. Globalement vu la très forte demande en alpinisme, nous ne cherchons pas en priorité à élargir le nombre de candidats pour faire de l’alpinisme car de toute façon nous sommes limités par le nombre d’encadrants. Ce que nous visons par contre, c’est à augmenter le nombre des encadrants et solliciter tous ceux qui en ont envie, pour qu’ils deviennent encadrants. L’année dernière, j’ai réussi à recruter pas mal de futurs co-encadrants, ce qui fait qu’aujourd’hui on est à peu près une vingtaine d’encadrants diplômés actifs et quasiment le même nombre en co-encadrants.

Dans les années qui viennent on pourra donc si tout va bien proposer plus de sorties, d’ailleurs cette année nous avons déjà commencé en programmant deux cars de plus que les années précédentes. Parmi les aspects qu’on a aussi souhaité développer, c’est la convivialité. C’est un peu particulier à Paris où l’on a un fonctionnement un peu différent des autres clubs. Souvent dans les autres clubs, les gens se retrouvent le mercredi ou le jeudi soir pour préparer la sortie du week-end, il y a un contact humain réel régulier, les gens se rencontrent et les sorties sont organisées dans les locaux des clubs... Mais en région parisienne ça ne fonctionne pas comme ça. C'est plus compliqué car les gens habitent loin, rentrent du travail souvent tard, il y a beaucoup de choses qui se font par internet comme les inscriptions et du coup ça a un côté un peu commercial. On propose des sorties sur le site web, les gens s’inscrivent à ces sorties, il y a quelques échanges par emails ou par téléphone parfois en particulier pour les sorties avec un accord obligatoire de l’encadrant pour connaître le niveau du participant. Mais il n’y a pas de rencontre physique avant les sorties. Les sorties sont en général très conviviales, mais à la fin du week-end, on se dit tchao et on ne se revoit plus, jusqu’à une éventuelle sortie suivante. Il y a donc très peu de liant et de contact en dehors des sorties. Quand les gens s’inscrivent à un club c’est effectivement pour pratiquer une activité, mais un club n’est pas une agence de voyages ni un organisme purement commercial et je pense que certaines personnes viennent dans un club aussi pour trouver de la convivialité, par exemple parce qu'ils viennent d'arriver à Paris où ils ne connaissent personne. Le club organise d’ailleurs quelques soirées dans l’année, une soirée accueil, une soirée Neiges... et j’ai constaté que lors de ces soirées il y avait souvent beaucoup de monde, c’était aussi l’occasion de se rencontrer, de discuter, etc. Pour le moment nous n'avons pas encore concrétisé toutes les pistes, mais l’idée serait de donner l'opportunité aux alpinistes du club de se rencontrer plus fréquemment en dehors des sorties.

Le bénévolat est dans tes gènes ?

J’ai commencé à être bénévole quand je faisais de la voile. Pour moi c'est assez naturel, c'est un vrai plaisir d'apprendre et de voir les gens progresser et c'est aussi un moyen de progresser soi-même. Mais après je pense qu’il peut y avoir aussi un intérêt indéniable. Je sais que lorsque j’étais étudiant et moniteur de voile, ça me donnait l’opportunité de faire du bateau gratuitement, je payais juste la nourriture, je n’aurais jamais pu naviguer autant sinon. Et même si je ne suis plus étudiant maintenant, le fait de faire maintenant du bénévolat au CAF me donne probablement l'opportunité de faire plus de sorties... Par ailleurs, il se trouve que je n’ai jamais aimé grimper en second. Sortir avec un guide me frustre même si j’ai beaucoup appris avec des guides quand j’ai commencé la montagne et que ça s’est d’ailleurs bien passé. J'adore être en tête ou en cordée réversible, mais je ne supporte pas d’être tout le temps derrière. C’est un peu ça qui m’a poussé à devenir rapidement encadrant au CAF.

A un moment, l’idée t-a-elle déjà effleurée de faire le métier de guide de haute montagne ?

Ça ne m’a pas effleuré essentiellement parce que je me suis mis à la montagne assez tard. Même si j’avais fait quelques sorties d’alpinisme auparavant, j’ai vraiment commencé il y a dix ans, j’avais déjà plus de trente ans. Mais je pense que si j’avais commencé plus tôt je me serais sans doute posé la question. Après pour d’autres raisons aussi, je pense que, entre faire de la montagne pour son plaisir et faire de la montagne pour son métier, ce n’est forcément pas pareil. On peut bien sûr se faire plaisir dans son métier mais je ne sais pas si j’aurais aimé faire que ça, mais là c’est mon approche personnelle. Ce que j’apprécie entre autre dans l’alpinisme, c’est le contraste entre ma vie professionnelle de parisien, travaillant sur des gros projets un environnement très "business" et ma vie d'alpiniste avec cette rupture complète que je fais quand je vais en montagne. Je ne pense pas que je pourrais être autant équilibré dans ma vie citadine si je n’avais pas la montagne à côté. J’ai besoin de m’évader, de changer d’air, et je crois que si je ne faisais que de la montagne ça me pèserait aussi.

L’année dernière tu as fait ta première expédition…

Oui, entre amis du CAF à trois, nous sommes allés au Pérou dans la Cordillère Blanche nous avons fait quatre sommets : l'Urus, le Tocllaraju, le Vallunaraju et le Chopicalqui (moins 100m). J'ai beaucoup aimé et j'ai l'impression de m'être senti rapidement très à l'aise dans cet environnement un peu nouveau pour moi. J'y retournerai. C’était effectivement ma première expédition même si j’avais fait quelques années auparavant le sommet du Cotopaxi en Equateur, mais là ce n’était pas une expé, mon frère s’était marié en Equateur, je suis allé à son mariage et j’en ai profité pour faire le sommet.

Et tu reviens toujours sur un de tes terrains de prédilection, le bloc !

Oui, entre deux sorties montagne ! Bleau est un petit peu l’origine pour moi car c’est par Bleau que j'ai démarré ma passion pour l’escalade. Par un détour bizarre je suis arrivé à Bleau par la planche à voile ! En fait quand je suis arrivé à Paris, c’était une période où je faisais énormément de planche à voile, j’aimais beaucoup sortir en mer dans des conditions un peu difficiles pour naviguer dans les vagues, et donc arrivé à Paris je me suis aperçu que je ne pouvais pas partir tous les week-ends. Du coup pour garder un bon niveau en planche, je ne pouvais plus m’entraîner qu’en faisant de la planche et il me fallait un entraînement physique à côté. La planche à voile sollicite pas mal le haut du corps, les épaules, les bras, je me suis dit que l'escalade me permettrait d'entretenir mon physique, j'ai rejoint un petit groupe d’étudiants et j'ai commencé à aller à Fontainebleau, à grimper en salle, à faire de la falaise. Maintenant je retourne toujours à Bleau été comme hiver quel que soit le temps car il y a finalement quelques dévers où l’on peut grimper même sous la pluie battante, je les ai beaucoup pratiqués cet hiver vu le temps pourri qu’on a eu ! J’aime beaucoup aller dans des coins hors-circuits, sauvages et où il y a des nouveaux blocs à découvrir.

Une petite anecdote d’encadrant pour finir ?

Lors d’une sortie initiation, on commençait tranquillement la montée en refuge, je crois que c’était le refuge de la Pilatte. Le premier jour, il n’y a pas trop de pression, on a un rythme continu mais pas trop soutenu. On veillait donc sur les participants, il y avait une fille qui avait l’air au départ assez en forme mais je voyais que manifestement elle souffrait. Chaque fois qu’on faisait une pause, elle enlevait son sac, elle avait mal aux épaules... son sac me semblait quand même assez volumineux, il était mal réglé, de mauvaise qualité et mal conçu, il lui tirait les épaules en arrière et il était mal chargé avec en plus comme souvent avec les débutants, le casque qui brinqueballait, le piolet qui pendouillait, tout ça se baladait allègrement à chaque pas, ça ne lui facilitait pas la marche. Donc là je lui ai dit que ça n’allait pas du tout et que j’allais l'aider à mieux redistribuer son sac. A ce moment-là je prends son sac et le soulève, et je m’aperçois qu'il pesait un poids assez colossal par rapport à ce qu’elle était censée emporter, c'est-à-dire normalement pas grand-chose.
« Qu’est ce que tu as pris dans ton sac ? »
« Ben pas grand-chose, la liste que tu nous a donnée, de quoi manger et quelques habits.»
« OK on va l’ouvrir ton sac, on va voir !»
Et effectivement dans le sac, il y avait pratiquement tout ce qu’il faut pour pouvoir survivre une semaine. Il y avait une grosse trousse de toilette, une serviette éponge, quelques habits de rechange, et surtout une quantité invraisemblable de vivres et des pâtés dans des bocaux en verre !... (rires) Elle n’avait pas du tout pensé que tout ça serait lourd et qu’il faudrait le porter pendant quelques heures. On l’a bien aidée à alléger son sac, d’abord en se partageant le portage et ensuite en partageant ses pâtés ! Ça lui a servi de leçon car la fois d'après, elle avait déjà acheté un vrai sac à dos de 30l, elle était très motivée et depuis elle a bien progressé.

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