Doucky est un petit village de cases perdu à 1 200 mètres d'altitude, dans les confins du Fouta Djalon. Cette région montagneuse du centre de la Guinée est habitée par les bergers peuls venus de loin, très loin, par-delà le Sahara. D'où exactement ? Nul ne le sait. Eux parlent d'une contrée mythique, un paradis perdu, le Wâlo où, dit-on, l'eau coulait à profusion. Poussés par l'harmattan, ils ont, au gré de leurs errances, atteint le Fouta Djalon où ils se sont sédentarisés, il y a cinq cents ans.
Le village est situé au bord d'un immense canyon de rhyolite haut de 400 mètres, qui s'étire à l'infini le long de la rivière Kokoulo. On dit du Fouta Djalon qu'il est le château d'eau de l'Afrique de l'Ouest, donnant naissance à quantité de fleuves, dont le Niger, la Gambie et le Sénégal. Ici, en cette saison des pluies, l'expression prend sa véritable mesure. L'eau sourd de toutes parts et tombe en cataractes gigantesques. Elle a patiemment façonné les montagnes de grés pour en faire d'énormes sculptures. À l'ouest du village, la plaine est ainsi plantée d'un rocher en forme de champignon, le Tounti Bonodji, ou rocher de l'Hyène, sur lequel une tribu de babouins a élu domicile.
Fouta Djalon. Doucky
Crédit photos : Michel Tendil